Le métier de coordonnateur de parcours est apparu il y a une quinzaine d’années, dans un contexte de prise de conscience des risques de ruptures de parcours de santé et d’accompagnement des publics fragiles. Avec pour objectif le respect du principe du « zéro sans solution » (qui garantit qu’aucune personne vulnérable ne reste sans prise en charge adaptée), ce professionnel joue un rôle clé en veillant à ce que chaque bénéficiaire reçoive un accompagnement cohérent, fluide et ajusté à ses besoins particuliers. Personnes âgées, malades, handicapées ou précaires, le coordonnateur de parcours s’assure qu’aucune ne reste sans soutien. Zoom sur ce métier à la fois technique et humain, qui place l’usager au centre de son action.
La genèse de la fonction
L’apparition du métier de coordonnateur de santé s’inscrit dans un contexte singulier : la transformation de la manière dont l’accompagnement des personnes en situation de fragilité est envisagé.
Il y a une quinzaine d’années, les publics vulnérables étaient suivis par différentes instances – sanitaires, sociales, médico-sociales, administratives, associatives – chacune traitant un besoin spécifique. Cependant, ces intervenants opéraient de manière cloisonnée, cantonnés à leurs rôles respectifs, sans qu’aucun acteur ne prenne en charge l’harmonisation globale de leurs actions. Cette fragmentation a mis en évidence de fréquentes ruptures des parcours d’accompagnement et de soins. Les bénéficiaires se retrouvaient alors sans suivi effectif, livrés à eux-mêmes ou mal orientés.
C’est dans ce contexte que la fonction de coordonnateur de parcours a progressivement émergé. Gérard Restouex, directeur de projet et formateur chez Espace Sentein, la décrit ainsi : « Le coordonnateur de parcours est un chef d’orchestre, qui permet aux acteurs de l’accompagnement – qu’il s’agisse d’un professionnel de santé, d’une assistance sociale, d’un bailleur social ou même d’un club sportif – d’accorder leurs partitions ». Une approche holistique, qui place le projet personnalisé de l’usager au centre du dispositif d’accompagnement.
En quoi consiste le métier de coordonnateur de parcours ?
Mission principale du coordonnateur de parcours
Le coordonnateur de parcours a pour mission principale de garantir que les besoins et attentes du bénéficiaire qu’il assiste soient dûment respectés. Il joue donc un rôle essentiel dans la personnalisation, la continuité et la cohérence de l’accompagnement.
À cet égard, il est responsable de :
- l’identification des besoins spécifiques de l’usager en fonction de sa situation globale
- la co-construction d’un projet personnalisé avec la personne concernée
- l’élaboration d’un plan d’accompagnement global incluant toutes les interventions nécessaires
- la mobilisation des différents acteurs autour du projet personnalisé
- le suivi régulier du parcours du bénéficiaire et la prévention de possibles ruptures
- le soutien moral et pratique de la personne accompagnée
Pour ce faire, il exerce sa fonction dans un organisme gestionnaire, qui peut être :
- un établissement de santé (hôpital, maison de santé…)
- une institution médico-sociale (association d’aide sociale, MDPH…)
- un organisme du secteur de l’emploi (mission locale, PLIE…)
- un établissement spécialisé (foyer d’accueil, centre de rééducation…)
Précisons enfin que le coordonnateur de parcours peut se spécialiser dans un domaine ou un sous-domaine particulier. Par exemple, dans le secteur du handicap, il peut se consacrer uniquement à l’accompagnement de personnes souffrant de handicap mental, voire se spécialiser davantage en travaillant avec un public spécifique, comme des personnes touchées de déficience intellectuelle. Toutefois, cette spécialisation n’est pas systématique. Le coordonnateur peut tout à fait être amené à gérer des parcours variés, impliquant des publics divers. Tout dépend en fait de l’organisme gestionnaire au sein duquel il exerce.
Défis inhérents à la fonction
La fonction de coordonnateur de parcours n’est pas exempte de défis. Elle implique non seulement une attention pleine et constante aux besoins du bénéficiaire, mais également une excellente capacité à mobiliser de multiples intervenants, souvent issus de secteurs différents, autour d’un objectif central : assurer que le parcours de l’usager soit respecté en tous points et sans rupture.
Comme le souligne Gérard Restouex : « Il s’agit de mettre tout le monde autour de la table pour répondre avec cohérence et constance aux besoins et attentes du bénéficiaire. Mais d’autres problèmes entrent en jeu pour le coordonnateur de parcours : maintenir une communication fluide entre les différents intervenants, ou encore trouver les bons partenaires pour prendre en charge la personne concernée. Par exemple, il peut être particulièrement compliqué de trouver un psychiatre ou un orthophoniste – déjà en trouver un, sachant que ces professionnels manquent cruellement, mais également trouver le professionnel qui conviendra parfaitement à la personne ».
Les qualités et compétences nécessaires au métier de coordonnateur de parcours
Le métier de coordonnateur de parcours exige des compétences techniques, organisationnelles et relationnelles particulièrement développées.
S’agissant des compétences techniques, il doit posséder une expertise approfondie de son secteur d’intervention (sanitaire, médico-social, insertion, handicap…) et maîtriser les dispositifs d’accompagnement associés.
Sur le plan organisationnel, il doit faire preuve d’une capacité solide à planifier et suivre des projets. Il doit aussi être en mesure d’avoir une vision d’ensemble de chaque situation, lui permettant de coordonner efficacement les interventions des différents acteurs. Enfin, il doit faire preuve d’anticipation, afin de prévenir et résoudre les éventuels problèmes avec réactivité.
Les qualités humaines sont aussi au cœur de la fonction. Le coordonnateur de parcours doit faire preuve d’une grande empathie, d’une aptitude à l’écoute active et d’une aisance dans la communication, pour instaurer une relation de confiance tant avec les usagers qu’avec les partenaires. Il doit également être capable de gérer les situations complexes.
Enfin, une dimension éthique s’ajoute à ces compétences : le respect du principe de subsidiarité. Il consiste à ne jamais parler à la place de la personne aidée, mais plutôt à devenir son messager. Comme le souligne Gérard Restouex : « Il s’agit d’être aux côtés du bénéficiaire, ni devant, ni derrière ».
Quel statut pour le coordonnateur de parcours ?
Le métier de coordonnateur de parcours est relativement nouveau. Il est, à cet égard, en mutation permanente. Une dynamique accentuée par l’évolution des secteurs avec lesquels il collabore, mais aussi par les besoins et attentes des publics visés, eux aussi en constante transformation.
Concernant son statut, celui-ci n’est pas encore clairement défini et reste, à ce jour, laissé à la discrétion de l’organisme gestionnaire au sein duquel le coordonnateur officie. Néanmoins, il travaille en étroite collaboration avec les équipes de l’organisme auquel il est rattaché, ainsi que de nombreux intervenants extérieurs, mais il ne se limite pas au rôle de simple « co-équipier ». Il n’exerce donc pas une autorité hiérarchique et il joue plutôt un rôle de pivot, qui exige une vision d’ensemble, un sens stratégique, une prise de recul et une capacité de coordination.
De ce fait, certaines organisations lui attribuent un statut professionnel de cadre.
Comment devenir coordonnateur de parcours ?
Aujourd’hui, il existe des formations qualifiantes ou certifiantes de coordonnateur de parcours. C’est notamment le cas de la formation Coordonnateur de parcours dans les secteurs social, médico-social et sanitaire d’Espace Sentein, certifiée AFNOR.
Ce type de formation s’adresse aux professionnels évoluant déjà dans les secteurs d’accompagnement des personnes vulnérables (social, médico-social, sanitaire). En effet, ces derniers disposent déjà des prérequis indispensables : connaissance des dispositifs d’accompagnement, aptitude à la gestion d’équipe ou de projet. Ainsi, les assistants sociaux, éducateurs spécialisés, conseillers en économie sociale et familiale, cadres de santé ou encore intervenants auprès des personnes en situation de handicap font de bons candidats.
La formation d’Espace Sentein constitue pour eux une opportunité de spécialisation ou de réorientation professionnelle enrichissante. En outre, elle leur permet d’acquérir une expertise complète du métier de coordonnateur de parcours, y compris :
- la maîtrise du cadre juridique et éthique de l’accompagnement et de la gestion des parcours complexes
- la meilleure appréhension du contexte institutionnel
- la compréhension plus fine des politiques publiques en matière de parcours